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Cadre Théorique

Pour assurer leur survie, il est essentiel pour les êtres vivants de savoir discriminer un contexte menaçant d’un contexte neutre non menaçant. Pour cela, nous réalisons un processus cognitif d’encodage et d’association des signaux environnementaux avec un événement particulier, menaçant ou valorisant. Ce processus d’encodage est crucial car il représente une étape dans la mémorisation permettant de se rappeler le contexte sensoriel, cognitif et émotionnel de l’environnement et de donner du sens à l’expérience. De nombreuses recherches(1, 2, 3) ont démontré que le cortex préfrontal, notamment sa partie dorso-médiale, joue un rôle important dans ce processus d’encodage.

 

L’équipe de recherche suppose donc que cette structure cérébrale serait impliquée dans la "discrimination de la peur contextuelle”. La discrimination de la peur contextuelle a lieu si un sujet subit un traumatisme dans un environnement avec un contexte précis, le contexte devenant ainsi un stimulus conditionné. Le retour dans un contexte similaire suscitera alors de la peur (peur contextuelle). Or, la capacité de faire la distinction entre un contexte qui évoque la représentation du stimulus traumatique, et un contexte qui n’évoque aucune représentation de danger imminent, se nomme la discrimination de la peur contextuelle


Les auteurs de cette étude souhaitent déterminer s’il existe une sous-population spécifique au sein de la partie dorso-médiale du cortex préfrontal qui serait active lors d’une situation de discrimination de peur contextuelle. De plus, ils cherchent à déterminer les projections du cortex préfrontal sollicitées pendant cette discrimination et notamment celles sur la substance grise périaqueducale et l’amygdale baso-latérale, qui sont des structures très importantes dans l'acquisition et l’expression des comportements de peur (4, 5, 6).

                        


Figure 1 : Schéma des projections du cortex préfrontal dorsomédial vers l'amygdale basolatérale et la substance grise périaquéducale

L’amygdale est connue comme étant un “centre d’alerte” majeur, dont la partie baso-latérale reçoit diverses informations sensorielles et interagit avec le système nerveux sympathique de manière à s’adapter à une situation menaçante (exemple : fuite). Ce centre nerveux participe aussi au renforcement de la mémoire des évènements via ses connexions avec l’hippocampe (7). 


La substance grise périaqueducale intègre elle aussi des informations du cortex préfrontal relatives à un danger, et provoque le déclenchement de certains comportements de défense chez les êtres vivantscomme le freezing qui est une réaction comportementale de peur caractérisée par une posture de la souris ou du rat qui s'immobilise complètement sous l'effet de la menace. 


Cependant, on ignore l’implication de ces structures et de leurs connectivités lors de la discrimination de la peur contextuelle. Les auteurs de cet article se sont donc demandé s’il existe une sous-population de neurones dans le cortex préfrontal qui serait impliquée dans la discrimination de la peur contextuelle par le biais de connexions avec l’amygdale baso-latérale et la substance grise périaqueducale.


Comprendre les mécanismes derrière ce processus pourrait permettre le développement d’un traitement efficace pour aider les personnes présentant des difficultés à distinguer un contexte de peur d'un contexte neutre.

 

 Bibliographie

 1 Cenquizca, L. A., & Swanson, L. W. (2007). Spatial organization of direct hippocampal field CA1 axonal projections to the rest of the cerebral cortex. Brain Research Reviews, 56(1), 1‑26.

2 Hoover, W. B., & Vertes, R. P. (2007). Anatomical analysis of afferent projections to the medial prefrontal cortex in the rat. Brain Structure and Function, 212(2), 149‑179.

3 Jay, T. M., & Witter, M. P. (1991). Distribution of hippocampal CA1 and subicular efferents in the prefrontal cortex of the rat studied by means of anterograde transport ofPhaseolus vulgaris-leucoagglutinin. The Journal of Comparative Neurology, 313(4), 574‑586.

4 Floyd, D. L., Prentice-Dunn, S., & Rogers, R. W. (2000). A Meta-Analysis of Research on Protection Motivation Theory. Journal of Applied Social Psychology, 30(2), 407‑429.

5 McDonald, A. J., Mascagni, F., & Guo, L. (1996). Projections of the medial and lateral prefrontal cortices to the amygdala : A Phaseolus vulgaris leucoagglutinin study in the rat. Neuroscience, 71(1), 55‑75.

6 Vianna, D. M. L., & Brandão, M. L. (2003). Anatomical connections of the periaqueductal gray : Specific neural substrates for different kinds of fear. Brazilian Journal of Medical and Biological Research, 36(5), 557‑566.

7 Richter-Levin, G., & Akirav, I. (2000). Amygdala-Hippocampus Dynamic Interaction in Relation to Memory. Molecular Neurobiology, 22(1‑3), 011‑020.

 


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